Week-end altiplanique
Nous revenons de Santiago par le vol de 5h du matin. Mais nous ne revenons pas seuls. Dans l’avion qui nous ramène à Arica, nous avons kidnappé Vincent pour passer le week-end ensemble, dans la région XV à l’extrême nord du Chili. Nous avons loué un véhicule 4×2 pour être sûr de passer de partout. [

Nous revenons de Santiago par le vol de 5h du matin. Mais nous ne revenons pas seuls. Dans l’avion qui nous ramène à Arica, nous avons kidnappé Vincent pour passer le week-end ensemble, dans la région XV à l’extrême nord du Chili. Nous avons loué un véhicule 4×2 pour être sûr de passer de partout. À peine atterris à 7h que nous partons pour les hauteurs du parc Lauca.


La première destination, c’est la ville de Putre. En moins de deux heures de route, nous traversons la largeur du Chili. De la côte à 0m d’altitude, nous arrivons très vite aux 4500m d’altitude. Peut-être trop vite. Il faut faire attention de respecter des paliers pour ne pas souffrir du mal aiguë des montagnes. Sur place, la météo n’est pas pour arranger les choses : à cause de l’altitude, il fait froid. De dix degrés en journée, la température peut descendre sous les zéros une fois le soleil couché. Un vent glacial retire encore une dizaine de degrés au ressenti. Sinon, un soleil brûlant vient nous frapper en permanence, d’un indice d’UV que je ne souhaite même pas imaginer. C’est tout simplement indescriptible. Dans ce désert, tout est nocif à la vie. Le manque d’oxygène, la brûlure du soleil et en même temps le froid glacial.
Ensuite, nous nous rendons jusqu’à la frontière avec la Bolivie, au bord d’un magnifique lac, le lac Chungará. Il est bordé du volcan Parinacota, majestueux. Nous finissons la journée en randonnant dans le coin, entre les troupeaux d’alpacas et de lamas.



Le lendemain, nous reprenons la voiture pour nous rendre à Suriplaza, en longeant la frontière. Nous empruntons les routes que surveillent notre amis rencontrés la veille, le capitaine Nicolás Ulloa, qui gère la division de surveillance aux frontières, l’équivalent de nos chasseurs alpins français. Ce bon Nicolás nous a payé des bouteilles d’eau au restaurant et nous a fait visiter un peu sa caserne.


Après quelques heures de route, nous arrivons dans ce lieu si particulier. Pas une âme qui vive, seules des montagnes multicolores dans un désert de sable. Nous entreprenons une randonnée.




La marche est difficile. Le sable ralenti notre progression, le vent souffle à plus de 100km/h (j’ai failli tomber plusieurs fois), et le manque d’oxygène se fait sentir. Je suis essoufflé de chaque mouvement. Malgré la pénibilité de la tâche, nous parvenons finalement au sommet, à 5200m. Quelle beauté ! Ces montagnes inconnues cachaient un beau secret : des couleurs magnifique. Nous sommes contents de notre exploit, et réalisons des dizaines de photos en vitesse avant que le froid mette prématurément à plat les batteries de nos téléphones.




Nous redescendons avant que la nuit tombe et reprenons la route. Vincent ne se sent pas bien : la rapide descente de 5200m à 4500m mêlée au froid semble avoir liquidé ses forces. Sur la route, nous tombons sur un véhicule mal en point. Nous descendons aider. Je comprend vite la situation : le chauffeur est ivre, par chance il n’a pas été blessé. On ne peut en dire autant de sa voiture. D’autres personnes accourent et nous nous mettons à plusieurs pour dégager l’épave sur le côté. Ce petit rappel sur l’alcool au volant est très parlant. Quant à nous, randonneurs de jour et pompiers de nuit, nous rentrons nous reposer.


Le lendemain, dernier jour du week-end (de trois jours, oui oui, Vincent se prend des libertés sur son stage). Cette fois, nous partons pour le salar de Surire, à quelques heures au sud. Après avoir longé une piste en contrebas du Guallatiri, en activité, nous parvenons au salar. Il est en parti exploité par les industries minières. Des camions repartent chargés de tonnes de sel.


Nous nous arrêtons un peu plus loin pour une petite marche. Rapidement, nous voilà seuls au beau milieu de ce désert de sel. C’est magnifique, très dépaysant. Dans cette immense cuvette, le sel a cristallisé en une roche friable. Des lagunes se sont formées, renforçant la beauté générale de l’endroit.




De retour à la voiture, nous fonçons à la frontière. C’est l’heure de se séparer. Alors que Vincent prend la route qui le ramène à Arica, où il rendra la voiture, Fabien et moi passons à pied la frontière avec la Bolivie. Ça y est, nous entrons définitivement dans ce pays ! De l’autre côté, aucun bus. Nous décidons de faire du stop auprès des nombreux camions qui circulent sur l’axe. Après trois pouces en l’air, un s’arrête et propose de nous emmener. Nous n’allons pas loin. À peine une demi-heure plus tard, nous descendons au pied du volcan Sajama, lui aussi splendide (mon préféré de tous).



Nous terminons d’atteindre notre but avec un 4×4 qui nous prend sur le chemin. Ça y est, nous sommes à Sajama, la première destination en Bolivie. Le parc, du même nom, est le pendant bolivien du parc Lauca au Chili. Quelle tranquillité en ville ! Un petit village construit en briques de terre dans lequel tous les habitants se connaissent. On vit du tourisme et de l’élevage de lama.



L’endroit est si perdu qu’il n’y a pas de banque… C’est problématique quand on arrive de la frontière chilienne sans le sou. Après révision de nos trésoreries, nous décidons d’écourter le séjour à Sajama pour ne pas se retrouver à la rue. Nous passons ainsi une seule journée à visiter les alentours, à pied. Ce n’en est pas moins magnifique !



Nous entrons dans notre petit logement pas isolé que nous fournit la doña Rosa, une mamie entrepreneuse du village. Pour cette deuxième nuit sur place, nous dormirons encore tout habillés, sous six couvertures, afin d’éviter l’hypothermie. Nous achevons notre aventure dans les hauteurs de l’altiplano demain. Dès lors, nous lâcherons un peu de leste sur l’altitude afin de revenir à des pressions atmosphériques tolérables !
Liste des volcans observés
-Parinacota--6332m
-Pomerape--6222m
-Guallatiri--6071m
-Kunturiri--5648m
-Sajama--6542m