Salkantay & Machu Picchu
Pour se rendre de Cusco à la cité sacrée du Machu Picchu, les incas n’avaient ni trains ni bus. Ils devaient marcher plusieurs jours, emprunter des chemins entre montagnes et vallées. Aujourd’hui, ces chemins sont restés populaires pour les touristes qui souhaitent s’imposer un défi. Ainsi, nous avo

Pour se rendre de Cusco à la cité sacrée du Machu Picchu, les incas n’avaient ni trains ni bus. Ils devaient marcher plusieurs jours, emprunter des chemins entre montagnes et vallées. Aujourd’hui, ces chemins sont restés populaires pour les touristes qui souhaitent s’imposer un défi.
Ainsi, nous avons décidé de réaliser l’un d’entre eux, le plus simple : le Salkantay trek.
- Jour 1 : nous avons contracté avec un tour guide à la laguna Humantay, qui constitue le départ du trek. Après trois heures de route depuis Cusco, nous sommes arrivés à Soraypampa. Nous avons laissé le guide et sommes partis seuls chercher un logement pour la nuit. Nous en avons trouvé un en bas de la lagune, un refuge où tous les français effectuant le trek venaient également poser leurs affaires. Nous avons donc rencontré plein de gentilles personnes dont entre autre : Nathan, un jeune de 24 ans qui a voyagé dans les mêmes pays que moi, et accompagné depuis peu de sa sœur, son père et une amie ; Émile et Jarod, deux jeunes de 22 ans qui venaient de traverser la Bolivie ; Kévin, un trentenaire perché très sympathique. Après s’être assuré d’avoir un lit, nous sommes partis pour un aller-retour à la lagune. Enclavée dans le creux du glacier Humantay à 4200m d’altitude, elle était magnifique avec son bleu changeant, les cascades ruisselantes et les nuages reflétants. Nous avons profité quelques heures, guettant les avalanches régulières, avant de redescendre lorsque la nuit est tombée. Le soir, nous avons partagé une excellente soirée autour d’un bon arroz chaufa, un plat typique péruvien. Nous avons également profité du ciel de nuit en montagne, si clair à cette altitude. Puis finalement nous sommes allés nous coucher tôt car le levé s’annonçait tôt pour le départ officiel le lendemain.
Distance totale : 4.5 km
Temps de marche : 1 h
Dénivelé positif : 840 m
Dénivelé négatif : 840 m






- Jour 2 : nous avons déjeuné en vitesse avant de partir à 6h du matin pour l’ascension du glacier Salkantay. Il faisait jour et le glacier se dressait devant nous de son immensité (6270m d’altitude). Avec notre rythme d’excellents marcheurs, nous avons rapidement doublé tous les groupes guidés et les indépendants. Après une bonne heure, nous parvenions au col au pied du glacier. Une brève pause et nous repartions. Devant nous, la vallée du glacier s’étendait, nous n’avions plus qu’à nous y engouffrer. Une longue descente s’est entamée, durant laquelle nous sommes passés d’un climat de haute montagne, à un climat plus tiède, puis enfin à un climat quasi-tropical. D’une rare flore andine, nous avons basculé à une luxuriante jungle où poussaient les avocats, les granadillas (cousins du fruit de la passion) et une myriade de fleurs. Étant premiers, seuls les charretiers avec leur troupeau de mules chargées des sacs des randonneurs en tour guidé nous dépassaient. Sinon, nous avions la vallée pour nous. Nous sommes arrivés à 11h30 à Cholley, village étape et nous sommes vraiment demandés s’il n’était pas envisageable d’entamer l’étape suivante. Mais pas certains de l’envergure du défi, nous avons préféré nous poser et profiter de notre avance pour nous reposer. Au goutte à goutte, tous les français sont arrivés, et nous les avons attrapé à la volée en les persuadant de venir dans notre hôtel pour reformer le groupe. Ainsi, le soir venu, nous étions de nouveau tous réunis pour partager une belle soirée.
Distance totale : 23 km
Temps de marche : 5 h 30
Dénivelé positif : 720 m
Dénivelé négatif : 1800 m






- Jour 3 : bien préparés et organisés, au regard de notre aisance dans la randonnée, nous avons décidé de réaliser deux étapes en une. Les français Émile et Jarod ont décidé de nous suivre dans ce pari fou. Nous sommes partis à 5h30, à l’aube, d’un bon pas. Pendant des heures, nous avons longé une rivière au bord de laquelle poussaient les champs de granadillas. Kévin, dont l’altitude ne semblait plus gêner le rythme, nous a rejoins. Tous trois ouvreurs du chemin pour les groupes de la journée, nous avons filé jusqu’à arriver à Lucmabamba. Nous avions alors rattrapé les marcheurs du jour précédent, avions un jour d’avance. Il ne restait plus qu’à grimper cette dernière montagne jusqu’au point de vue de Llaqtapata. Ce fut chose faite, non sans effort. C’était sans doute la partie la plus difficile du trek. Mais la vue en valait la peine : sur l’autre versant de la montagne, on devinait les montagnes entourant le Machu Picchu. D’au loin, on distinguait même les quelques terrasses du plus fameux site archéologique péruvien. Nous avons pique-niqué dans les ruines de Llaqtapata avant de repartir pour la descente. Une descente pleine de boue dans laquelle ne pas glisser fut une prouesse. Arrivés en bas, c’était Hidroeléctrica. Une station d’exploitation électrique d’une rivière au débit fulgurant que nous avons aperçu d’en bas. Puis là, commençait le chemin traditionnel qu’empruntent ceux qui arrivent en bus depuis Cusco. Ce fameux chemin le long des rails du train que j’avais foulé de nuit, deux ans auparavant. Je dois avouer que les jambes commençaient à tirer. L’épreuve était enfin à notre hauteur. Nous avons fait tous les efforts pour arriver à Aguas Calientes le plus tôt. En effet, c’est dans ce village touristique en contrebas du Machu Picchu que nous devions acheter les billets d’entrée pour le lendemain au plus tôt. Ce fût chose faite, nous avons obtenu le circuit que nous voulions, à dix places restantes près. Relaxés et fixés sur la visite du lendemain, nous avons posé nos affaires dans un hostel où Émile et Jarod nous ont rejoins quelques heures après, avant de sortir tous les quatre pour un bon restaurant bien mérité.
Distance totale : 44 km
Temps de marche : 10 h
Dénivelé positif : 1210 m
Dénivelé négatif : 1860 m








- Jour 4 : le jour tant attendu. Avec Fabien, Émile et Jarod, nous nous sommes levés à 5h45 pour une entrée sur le site du Machu Picchu à 7h. Il fallait avant cela grimper quelques 1802 marches jusqu’en haut de la montagne. Un détail qui se fait sentir dans les cuisses lorsqu’on a marché un marathon la veille. Puis nous sommes rentrés dans le site archéologique. Notre circuit comprenait la visite de la ville ainsi que la montée de Huchuy Picchu, la petite montagne qui surplombe le site. Bien que je sois déjà venu, j’ai re-découvert le site sous un autre jour, car les points de vues étaient différents et la météo aussi. Après la visite, nous sommes redescendus pour faire la randonnée le long des rails jusqu’à Hidroeléctrica en sens inverse. Arrivés là-bas, nous avons mangé avant de reprendre la route. Une route, ou plutôt une piste chaotique en travaux depuis deux ans. Notre chauffeur nous a posé à Santa Maria où nous avons attendu plus de deux heures avant que parte le bus collectif pour Cusco. Roulant de nuit, nous avons passé le glacier Verónica sous un ciel encore une fois enchanté. Notre chauffeur avait la main lourde sur l’accélérateur et nous rigolions bien de sa conduite un poil dangereuse dans ces lacets de montagnes, quand tout à coup il s’est arrêté sur le côté : il a cassé la boîte de vitesse. Nous avons dû pousser la voiture jusqu’à un garage et surtout nous protéger des potentielles arnaques qui planaient au dessus de nous (vous avez payé un bus en Amérique latine et il tombe en panne ? Tanpis pour vous, vous allez repayer un autre bus, à vous d’assumer). Dotés à nous quatre d’une rhétorique intransigeante et d’une énergie déconcertante, nous avons fait pression pour que le chauffeur dégote une solution pour nous rapatrier à Cusco sans aucun frais supplémentaires, nous et les autres passagères (des anglaises qui ne parlaient pas castillan et qui auraient été jetées en pâtures aux péruviens).
Distance totale : 26 km
Temps de marche : 4 h
Dénivelé positif : 450 m
Dénivelé négatif : 450 m






C’est ainsi que, satisfaits et accompagnés de nouveaux compagnons, nous sommes rentrés à Cusco après ces quatre jours de marche. Nous avons fait notre temps dans cette ville. Alors qu’Emile et Jarod partent au nord, il est temps pour nous de mettre cap sur le sud, où nous terminerons l’aventure péruvienne pour de bon.