Le saut dans le vide
Bien. Il est temps de vous narrer mon illustre arrivée au Guatemala. 11h, revenu de la visite tôtive des ruines de Palenque la brumeuse. Je sais qu’il existe plusieurs passages pour la frontière : Frontera Corozal, El Ceibo. Par malchance, Frontera Corozal est actuellement banni des transporteurs à

Bien. Il est temps de vous narrer mon illustre arrivée au Guatemala.
11h, revenu de la visite tôtive des ruines de Palenque la brumeuse. Je sais qu’il existe plusieurs passages pour la frontière : Frontera Corozal, El Ceibo. Par malchance, Frontera Corozal est actuellement banni des transporteurs à cause de problèmes sociaux. Mon choix se porte donc sur El Ceibo : un dernier point de civilisation au bout d’une piste depuis la ville de Tenosique.
J’ai plusieurs problèmes : premièrement, il ne me reste que peu d’argent liquide car je ne voulais aucun excédent de pesos et n’ai donc pas retiré énormément. Ensuite, je n’ai aucune information sur les horaires et tarifs des minibus entre Tenosique et Flores, ma destination au Guatemala. Aussi, j’ai entendu que le Guatemala ne laissait entrer que les touristes ayant une preuve de leur sortie future (souvent par un billet d’avion retour), ce qui n’est pas mon cas. Finalement, nous sommes dimanche et les commerces et services pourraient être fermés.
Je pars donc à l’aveugle, sachant seulement de sources aléatoires que le dernier minibus de la journée, s’il y a, partira de Tenosique pour la frontière à 15h.
Après trois heures de colectivo, me voilà à Tenosique. Une ville isolée, aux distances étirées. Je suis déposé à l’entrée de la ville à 14h. H-1. Problème : je ne trouve pas le colectivo pour El Ceibo. Quinze minutes de marche pour rallier le centre plus tard, je n’ai toujours rien trouvé. J’ai posé des questions et ai obtenu des réponses différentes. Il n’y a pas de distributeurs de billets de banque, et de toute manière, je ne sais pas combien retirer. H-30min, toujours rien. Je suis abattu. Dépité, je m’assois et commence à réfléchir à trouver un hôtel pour la nuit.
C’est alors qu’en communication avec Antinéa, cette experte en guide touristique m’apporte mon salut. Elle a trouvé sur internet des informations sur la localisation du départ des minibus. Je m’y rends, mes 62 pesos en poche (~3€). Le dernier minibus de la journée est là, attendant encore deux trois clients pour partir. Le chauffeur me propose de monter. Le prix ? 60 pesos.
Je me débarrasse de mes derniers brins de monnaie et monte dans le bus qui m’emmène à la frontière !
Puis l’arrivée au bout de la piste. Tout le monde descend. Le poste de douane. Je parcours les derniers mètres de la zone militarisée à pied. Il pleut. Mes affaires sont reniflées par les chiens des militaires. Je sais ce qu’ils cherchent. Le douanier vérifie mon passeport et s’aperçoit que je n’ai pas validé mon attestation d’entrée au Mexique, deux semaine plus tôt. Oups, c’était ce petit QR code que j’ai glissé en marque page de mon passeport avant de le ranger au fond de mon sac !
Malgré tout, le (gentil) douanier me le valide, tamponne mon passeport. Ça y est, je quitte le Mexique. Je passe de l’autre côté du mur de barbelés.


Commence alors la suite du périple. Côté Guatemala, il y a quelques échoppes en tout genre. Il y a aussi un bus qui annonce aller à Flores. Je suis ravi. Mon problème l’état de mes finances. Je peux convertir mes 0 pesos en… 0 questzales. Je pourrais trouver un distributeur ou au pire un vendeur qui accepte la carte contre des billets. Ce serait beau… Mais ce n’est pas possible. Impossible d’obtenir le moindre quetzal dans le coin. Ma carte bleue est réduite à un vulgaire morceau de plastique ici. En cherchant du liquide, je discute avec une vendeuse de produits de pharmacie. Elle est très gentille, et sans que je ne réclame rien, elle m’offre une bouteille de solution de réhydratation orale (goût pêche, plus original qu’un coca) et 20 quetzales pour m’acheter un poulet frit. Je la remercie, un peu surpris de ce don inattendu. Je crois que les Guatémaltèques ont Dieu dans le cœur et le cœur sur la main. Je file donc m’acheter mon poulet frit puis monte dans le bus. Le chauffeur accepte de me transporter bien que je ne puisse le payer, on convient qu’il me pose à un distributeur en ville pour que je puisse lui donner son dû à l’arrivée.
17h30, nous quittons enfin le poste de frontière. Je pénètre le Guatemala au moyen de cinq heures de route jusqu’à arriver à Flores. Sur place, je peux enfin retirer de l’argent. La délivrance approche. Je paye le chauffeur et m’en vais me restaurer. Puis, je cherche hasardieusement un hôtel. Il est 22h un dimanche soir, il pleut. Après quatre tentatives et l’aide d’un jeune homme dans la rue, je trouve enfin un lieu de repos. L’hôtel est immonde, mais au moins je suis dans une chambre privée avec la Wi-Fi pour la nuit.
Je suis enfin arrivé au Guatemala !
