L’Acatenango
Depuis mon arrivée à Antigua, j’avais en tête d’effectuer une randonnée sur un des volcans qui entourent la ville. Cela tombait bien puisque l’activité incontournable ici est un tour de deux jours sur le volcan Acatenango. Dans ce tour, on passe une journée à monter le volcan, on dort quasiment à sa

Depuis mon arrivée à Antigua, j’avais en tête d’effectuer une randonnée sur un des volcans qui entourent la ville. Cela tombait bien puisque l’activité incontournable ici est un tour de deux jours sur le volcan Acatenango. Dans ce tour, on passe une journée à monter le volcan, on dort quasiment à sa cime à 3900m d’altitude avant de se lever tôt le lendemain pour terminer l’ascension, et admirer le coucher de soleil. Plutôt tentant non ?
J’ai donc entrepris mes recherches pour trouver l’agence proposant les tarifs les moins chers (le service est le même pour tous). Après avoir trouvé, j’effectue la réservation par whatsapp.
Le jour J, rendez-vous à 9h à mon hostal. Après trois quart d’heure, le réceptionniste s’inquiète pour moi : personne n’est venu me chercher. Il passe quelques coups de fil et à 10h, décision est prise : il sort sa moto et décide de m’emmener lui même au volcan.

Je finis la route avec l’opérateur de tour qu’on a rejoint. Il s’excuse et m’explique qu’il a oublié de m’inscrire. De plus, suite à une mésentente sur le prix du tour, je négocie une réduction de 17% du prix minimal proposé aux touristes.
Arrivé au départ du trail, on me fournit des vêtements chauds et mes repas pour les deux jours. Problème : à cause des petits problèmes, j’ai 1h30 de retard, mon groupe étant parti le matin à 10h. On dépêche alors un guide en vitesse afin de rattraper le retard et de me conduire en haut. Je me retrouve avec un guide privé avec qui j’entame l’ascension. Quelle chance ! Il est très gentil, doit avoir mon âge. J’apprends qu’il s’appelle Pablo, nous sympathisons. Nous marchons de bon pas, je le sens essoufflé par mon rythme. Peut-il se douter que j’ai pratiqué la chaîne des puys pendant deux ans ? Peut-il imaginer que j’occupe mes vacances d’été à grimper le Vésuve avec ma copine ?

Pablo nous fait prendre un chemin alternatif pour éviter les groupes de touristes et être plus tranquilles. Quelle chance ! Au bout de deux heures de marche, nous sortons de la forêt. Nous sommes au-dessus d’une mer de nuages. Finalement, nous parvenons au logement pour la nuit. Pablo me laisse. Il est 15h, je suis seul en face de ces petites cabanes de tôle. Seul ? Oui car en marchant à notre vitesse et en passant par l’autre chemin, nous avons non seulement rattrapé le groupe mais l’avons dépassé. 3h de marche, 1600m de dénivelé positif. J’ai de quoi être fier.
Que dire de la vue ? Je suis à 3900m d’altitude, surplombe une mer de nuage et ai une vue imprenable sur le volcan voisin, le volcan de fuego. Ce dernier, très effusif, entre en éruption chaque quart d’heure pour expulser de la lave, des bombes volcaniques et un épais nuage de cendre. Voyant d’ici verdir le visage de ma grand-mère à la lecture de ces mots, je tiens ici à préciser que les cabanes sont suffisamment loin pour être à l’abri de tout danger, et que de par la géographie du volcan, les vents soufflent toujours le nuage de cendre au lointain. Un poste d’observation idéal !



Plus tard, lorsque le groupe est arrivé, j’entreprends de marcher seul jusqu’au volcan de fuego jusqu’à un point d’observation. Pablo m’avait tout expliqué et montré le chemin pour y aller. Cependant, cette petite marche n’est pas du goût du guide de mon groupe qui vient d’arriver. Celui-ci me rappelle à l’ordre, me dit qu’il est interdit d’y aller, à moins bien évidement de rajouter quelques billets à l’addition. Bien que je comprenne que je suis sous sa responsabilité, j’ai du mal à accepter cette notion de privatisation de la montagne. C’est visiblement culturel puisque tous les français du groupe réagissent de la même manière : ils sont frustrés de devoir payer un guide juste pour marcher (aller voir le coucher du soleil à 100m plus haut nous est interdit, sauf moyennant un billet), se révoltent qu’on les prenne pour des gamins. Je valide ce sentiment.
Malgré cet écart culturel, nous passons une bonne soirée. Un groupe de payeurs se constitue pour aller voir le volcan de fuego de plus près. Ils partent pour 1h30. Pendant ce temps, les autres dont je fais partie dînons autour d’un feu (il fait 0°C).

Au retour du groupe parti marcher, je suis un des seuls à ne pas dormir. J’ai passé mon temps à prendre le volcan en éruption puisque la nuit, dans le noir, on voit la lave ! Le groupe prend son dîné, je me joins à eux, sympathise et réussi à obtenir un deuxième repas. Quelle chance !




Le lendemain, réveil à 4h. Dans le froid glacial de l’Acatenango, nous entreprenons la montée jusqu’à la cime du volcan, à 3976m, balayée par les vents. Le sol étant fait de lave séchée, il se dérobe sous mes semelles, chaque pas s’avère d’une complexité épuisante. Mais finalement, nous parvenons au sommet pour assister au lever du jour. La vue est époustouflante : j’ai là, étalé sous mes yeux, une bonne partie du Guatemala. A l’est, Antigua, Ciudad de Guatemala, d’autres volcans. Au nord, le lac Atitlán. A l’ouest, le pacifique encore caché sous la brume matinale.




La descente du sommet est plus facile : il s’agit de surfer dans les vagues de pierre ponce, de courir et de déraper. Nous revenons aux cabanes, prenons nos affaires et nous préparons à partir. Je prend alors une décision qui mijotait dans mon esprit depuis la veille : j’annonce au guide vouloir abandonner le tour. Cela nécessite ma signature et dès lors, je ne serai qu’un touriste indépendant dans le parc. Je ne bénéficierai pas d’un guide pour la descente ni du transport me ramenant en ville. Cependant, étant désormais libre, je serai libre de vaquer dans le parc et de me rendre au volcan de fuego. Le groupe me donne un rab de petit déjeuner (quelle chance !), me dit de faire attention et s’en va. Me voilà seul dans le silence matinal des sommets. Je prend donc le chemin du volcan de fuego pour pouvoir l’observer de plus près. Après moins d’une heure de marche, je parviens à moins de 200m de son cratère. C’est l’euphorie. Quelle splendeur ! Les éruptions sont à couper le souffle !
Je passe une heure à me délecter de la vue si unique.



Puis j’entame la descente jusqu’à quitter le parc. La pente et mon rythme font que je cours quasiment !



En bas du volcan, j’attends trois minutes avant de sauter dans un bus. Il me ramène à Antigua sans encombres, sain et sauf ! Au final, j’aurais tout visité en marchant deux fois plus vite et en payant deux fois moins cher que la masse touristique. Une affaire rondement menée.