Entre pampa et selva
Ça suffit des hauteurs ! Place à la forêt, à la chaleur ! Après un passage à la capitale la Paz, nous avons pris un bus plein nord pour descendre les grands plateaux boliviens jusqu’à arriver dans la forêt Amazonienne en bas. Quel changement ! Des 4000m d’altitude gelés la nuit, nous avons pu nous [

Ça suffit des hauteurs ! Place à la forêt, à la chaleur !
Après un passage à la capitale la Paz, nous avons pris un bus plein nord pour descendre les grands plateaux boliviens jusqu’à arriver dans la forêt Amazonienne en bas. Quel changement ! Des 4000m d’altitude gelés la nuit, nous avons pu nous rendre compte lors d’une des nombreuses pauses du bus que l’atmosphère était redevenue chaude et humide. De la forêt nocturne émanaient des bruits en tout genre : cris de perroquets, grincements d’insectes. Après une nuit tourmentée par une panne, à jongler entre les bus de remplacement, nous sommes finalement arrivés à Rurrenabaque.
Après une journée de repos dans la ville, à profiter de la piscine de l’hôtel, des verres de jus d’açai à 40 centimes, nous avons trouvé un tour chez Ben, un français installé ici depuis trois ans.


Nous sommes donc partis en groupe de six, avec deux français (Hugo et Florian) et deux espagnols (Anna et Gerald) menés par notre guide, le roi de la jungle, Juan Carlos!
Le tour commençait par une remontée du fleuve Yacuma, dans la pampa. La pampa, c’est ces plaines infinies de végétation basse, parfois inondées, et grouillantes d’animaux. Un subtil mélange entre la savane africaine et la plaine de l’Ain ! Une fois à notre camp, nous avions trois journées pour observer moultes animaux, traquer des anacondas, pêcher des piranhas, chercher des empruntes de jaguars, se baigner avec les dauphins du fleuve, ou encore observer les étoiles, le lever et le coucher du soleil. J’ai adoré chaque instant.






Je terminerai avec trois anecdotes.
- Je suis fier d’avoir été celui qui, en premier, a débusqué l’anaconda géant enroulé à mes pieds. Le guide, qui était occupé à retrouver le chemin du bateau (oui oui, le guide était perdu ; Juan Carlos devait être balance ascendant scorpion, je le trouvais dans la lune) ne l’avait pas remarqué !
- Je suis nul à la pêche du piranha, qui consiste à lancer par aller-retours ininterrompus sa ligne ; ils mangeaient mes morceaux de viande en littéralement trois secondes. Autant manger directement la viande (rouge, ces petits n’apprécient pas le poulet).
- Je n’ai pas eu peur de sauter dans l’eau trouble du fleuve pour nager avec des dauphins tandis qu’au même moment, les caïmans du bord nous guettaient avant de, soudain, se mettre à l’eau et disparaître. Allaient ils me croquer ? Surprise !
De retour de la pampa, et après un passage à Rurre pour changer les vêtements, nous sommes repartis dans l’autre direction, par la remontée du fleuve Alto Beni, jusqu’à la communauté indigène de San Miguel del Bala. Cette fois, c’était pour s’y établir deux journées et vadrouiller dans la selva, la forêt Amazonienne (la vraie de vraie). J’ai adoré cette communauté. Bien reliée à la civilisation par le fleuve, on y trouvait une école, une mairie, et surtout des arbres fruitiers tout du long de l’avenue principale en terre battue. Pamplemousses, citronniers et chirimoyas croissaient entre les manguiers et les cacaoyers.
Nous avons appris à faire du chocolat, du jus de canne à sucre et de l’artisanat local (je me suis fabriqué un magnifique collier en baie de Sirari, si emblématiques de la forêt Amazonienne).






Le second jour, nous sommes partis pour une randonnée dans la jungle. Deux belles heures de marche lors d’une fin d’après-midi où le soleil éclairait de lumière d’or les feuilles et les reliefs couverts d’arbres. J’ai été séduit d’entendre le chant des pájaros seringuerros, à mon sens le son signature de la forêt Amazonienne.




Le soir, nous avons campé au cœur de la jungle. Douché dans l’eau stagnante d’un ruisseau et séché au feu de bois, je dois reconnaître que je devais dégager une odeur… D’aventurier ! Au moins, les moustiques ne m’ont pas embêté ! Nous avons marché quelques heures dans la forêt de nuit. Tant de bruits ! Tant de mouvements ! Tout vit la nuit, des araignées à pattes jaunes qui tissent leur toile au milieu du chemin (Juan Carlos exprimait les dégâts des piqûres en heures ; celles-ci c’était 12h de souffrance) aux fourmis balle de fusil (dois-je vraiment expliciter le nom ? C’est la description de la douleur que procure leur piqûre), en passant par les majestueux jaguars (une loi indique que lorsque vous le repérez, cela fait déjà deux heures qu’il vous a vu et suivi). Pour notre part, nous avons eu la chance de voir un jaguarundi, gros chat sauvage rarissime, perché dans les hautes branches.
Après cette nuit plutôt atypique, nous sommes rentrés à la communauté puis, après un détour par le canyon de Susi, à Rurrenabaque. C’était la fin de cinq journées d’expédition plaisante en Amazonie. Je me suis rendu compte que j’adore vraiment cette forêt, que je la considère comme un pays à part entière sur ce continent, avec sa culture, son climat, sa manière de fonctionner. Je reviens avec l’envie d’y retourner !





Cela se fera plus tard, au Brésil. Fabien et moi sommes remontés dans le bus retour, vers la Paz, une papaye et quelques vivres pour les 14h de bus (note à moi-même post bus : Pierre ne mange jamais une papaye quand tu as 14h de bus sans toilettes, malheureux). Nous remontons une dernière fois dans les altiplanos pour en terminer la visite ! À suivre.