Cusco en moto (2/2)

Après la journée de dingue d’hier, nous nous levons tôt pour reprendre la route. Cette fois-ci, nous nous dirigeons vers le sud. Une étape dans la banlieue de Cusco nous permet de retrouver un kit neuf de rétroviseur, l’un ayant été cassé la veille lors d’une chute de la moto. Après plus de trois he

Cusco en moto (2/2)

Après la journée de dingue d’hier, nous nous levons tôt pour reprendre la route. Cette fois-ci, nous nous dirigeons vers le sud. Une étape dans la banlieue de Cusco nous permet de retrouver un kit neuf de rétroviseur, l’un ayant été cassé la veille lors d’une chute de la moto.

Après plus de trois heures de route, nous parvenons dans la vallée de Palccoyo. Rien ne laisserait penser qu’une merveille pareille se trouve ici. Partout, des montagnes basiques, sans charme particulier. Un indice pourtant : la rivière provenant de là-bas déverse une eau mystérieusement rouge, chargée de sédiments. Quel ne fut pas l’étonnement des locaux lorsqu’en 2018, suite à la fonte définitive du glacier, les habitants découvraient des montagnes arc-en-ciel ! Du fait de cette récente découverte, nous arrivons sur un site peu touristique, quasiment seuls. Nous remontons la rivière, traversant des pâturages peuplés d’alpacas à la laine si douce.

Parvenus au sommet de la vallée, nous nous retrouvons face à la vallée arc-en-ciel. Quelle splendeur !

Je grimpe rapidement au Bosque de piedras (forêt de pierres), le sommet surplombant la vallée à 4900m d’altitude. Je passe deux heures à me régaler de la vue, magnifique. Puis je redescend et traverse la cime des montagnes de couleurs. Fabuleux !

Après s’être émerveillé de l’endroit, nous redescendons la vallée jusqu’à un petit village où nous passerons la nuit. Nous en profiterons pour y acheter du papier ponce et une bombe de peinture noire pour terminer de réparer la moto. Deux ingénieurs sur la tâche, nous résolvons les problèmes et laissons une moto impeccable, mieux que comme nous l’avons reçu.

Après une bonne nuit de sommeil, nous repartons pour le dernier jour sur la route qui retourne à Cusco. Nous longeons le lac de Pomacanchi, traversons la plaine jusqu’au village du même nom. Mais comme il n’y a pas de beau moment au Pérou sans son pendant, voilà que l’arrière de la moto se met à vriller : le pneu arrière vient de crever. Nous passons une bonne heure et demi à pousser la moto jusqu’à une llanteria (réparateur de roue) et patientons. Lorsque nous repartons enfin, il est déjà tard. Mais nous ne nous démoralisons pas et reprenons la route, une série interminable de virages dans des montagnes vertes aux pierres noires, et peuplées de troupeaux d’alpacas.

Finalement, après avoir dépassé la communauté de Santa Lucía, nous parvenons au départ de la randonnée pour la visite de la journée : le temple de Waqrapukara. Cet endroit mystérieux repose sur une montagne avec deux rochers formant des cornes d’où son nom queshua (Waqrapukara = la forteresse à cornes). Il s’agirait d’un lieu de culte inca que ces derniers ont hérité de cultures pré-incas.

Après une bonne demi-heure à profiter du lieu et à faire des photos au drône, un responsable de la protection du site vient m’aborder pour me faire savoir que le drône est interdit sur place. Je le prie de m’excuser et lui explique que nous sommes les seuls touristes du lieu (je ne dérange personne) et que je ne pouvais pas savoir que le vol était interdit puisqu’aucune pencarte ne l’indiquait (contrairement aux autres lieux touristiques au Pérou). Mais cet homme est plus imbécile et plus perfide que le péruvien moyen. Il prétend que j’aurais dû savoir que le lieu était sous statut de fouille archéologique et qu’implicitement il était illégal de faire voler un drône, d’autant que cela pourrait déranger les condors et les pumas (contrairement aux marteaux piqueurs de ses collègues archéologues). Il décide de me confisquer mon drône et exige que je le lui donne. Je refuse en haussant le ton. Heureusement pour moi, après cinq minutes, un de ses collègues arrive et m’explique gentillement que je n’avais pas le droit, mais que pour que je garde une bonne image de ma visite, il passera l’éponge pour cette fois. Je réitère mes excuses et le remercie, tandis que le premier gardien tente de le convaincre de me soutirer de l’argent pour les soudoyer. Mais le second est un brave homme et dit au premier sur un ton las de cesser ce comportement immédiatement.

Dans cette atmosphère sulfureuse se termine la visite de Waqrapukara. J’ai choisi de raconter l’anecdote pour que vous, lecteurs, cerniez la mentalité péruvienne. Un mois passé dans un pays de gens malhonnêtes. Un mois de mensonges ou de règles crapuleuses pour soutirer le maximum d’argent aux « gringos ». Ces gens sont fermés d’esprit. Ces gens tentent tout car ils n’ont rien à perdre, pas même leur dignité. Voilà ce que sont les péruviens.

Après avoir repris la route, nous rentrons à Cusco. La nuit tombe, nous avons pris du retard à cause de la roue crevée. Fabien conduit parfaitement et nous ramène en ville à 20h, heure à laquelle nous rendons pour de bon et sans accros la moto. Nous sommes alors délivrés de sa responsabilité et pouvons tranquillement aller nous reposer. Ces trois journées étaient épuisantes, mais avec un total de 800km parcourut, nous sommes plutôt ravis du résultat. Nous devons nous reposer car la suite nous appelle, une belle marche de quelques jours dans les montagnes…